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04/03/2010

 
Voilà, j’ai mis ce blog à jour.
 
Je mets également le lien vers deux articles que j’ai trouvé très pertinents :
 
 
 
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08/02/2010 Le margouillat, le caïman et la burqa

 

Ouahhh !!!!!!!! On pourrait faire une belle fable avec un titre pareil !!!

 

Je me sens en forme et d’excellente humeur aujourd’hui, alors c’est l’occasion rêvée pour écrire un petit mot. Peut-être est-ce dû à la perspective d’un bon repas couronné de fraises et de glace à la vanille qui me met en de si bonnes conditions ?!? (je suis invitée chez une copine à midi)

 

Pour commencer, quelques adages (traduits du dioula).

 

Si tu te comportes comme un œuf on te mangera en silence.

Si tu te comportes comme un crabe on te mangera bruyamment.

 

Si tu vois le margouillat se coudre une culotte c’est qu’il sait où il va placer sa queue.

 

Le tronc d’arbre aura beau durer dans l’eau il ne deviendra jamais caïman.

 

Le dernier je crois que je vous l’ai déjà écrit mais je le trouve trop bien !

 

Ici tout va bien. On est toujours en saison sèche. L’harmattan redouble d’énergie et les grosses chaleurs arrivent à grands pas…

J’ai fini mes vacations en fac, j’ai donc à nouveau le plaisir de dormir le samedi matin !

Tous nos animaux vont bien. Cahuèt, notre singe, a découvert le rugby : on lui a donné un « pain de singe », fruit ovale du baobab long d’environ 20 cm, très léger avec une coque assez dure… Or un singe n’a pas d’outils (sic !)… Vous allez dire qu’on est sadiques de lui donner un tel fruit, si dur à ouvrir, mais comme son nom l’indique ce fruit est un des mets préférés des singes, c’est donc que dans la nature ils arrivent à les ouvrir ! C’est aussi très apprécié par les humains, en jus ou en gâteau, c’est sucré et acidulé, qui plus est extrêmement riche en calcium et vitamine C.

La dernière fois qu’on a testé l’ingéniosité de Cahuèt c’était avec une petite pastèque d’environ 15 cm de diamètre ; une pastèque c’est dense, donc quand on la lance assez fort par terre elle se fêle et Cahuèt peut achever de l’ouvrir facilement avec ses petits doigts agiles. Mais un pain de singe ! C’est trop peu dense !!! Il a donc mis un certain temps avant de réussir à le casser, le lançant de toutes ses forces contre toutes les parois de sa cage, et moi j’ai piqué un énorme fou rire en le regardant : c’était digne d’un match de rugby joué par un singe !!!

 

En ce qui concerne la burqa, c’est-à-dire le débat sur le voile intégral en France, voici quelques remarques d’ici.

Tout d’abord, lors d’une réunion militanto-politico-associative entre français la semaine dernière, l’un d’entre nous a déclaré : « Pourquoi ne pourrait-on pas, en France, vivre en harmonie avec toutes les religions comme ici ? ». Il est vrai qu’ici, les gens étant plus fondamentalement animistes qu’autre chose, le respect musulmans / chrétiens est très grand. L’important ici étant de croire en un dieu, quel qu’il soit.

Ensuite, hier j’en ai discuté avec deux copines burkinabè musulmanes qui sont encore à l’école. Madie (voir photos février 2010), en 3ème dans un collège privé laïc, nous dit que dans son école une fille mettait la burqa par-dessus sa tenue scolaire, ils lui ont demandé de l’enlever et de garder uniquement son voile dans les cheveux : en effet, ici il est très important que la tenue soit visible mais je crois que c’est plus pour des questions relatives au respect des règles internes qu’autre chose. Adja, qui elle est en Terminale dans un lycée privé catholique, dit que dans son école c’est interdit et que les filles l’enlèvent à l’entrée de l’établissement ; elle ajoute que selon elle on devrait interdire ça dans tout le pays, partout.

Pour ma part, je vous donne modestement mon avis : je pense que cette loi existe déjà, c’est-à-dire qu’on devrait pouvoir aujourd’hui, en France, demander à une femme de se dévoiler le visage pour pouvoir l’identifier à tout moment. C’est un devoir que d’être identifiable ; si une femme voilée se fait flasher au volant de sa voiture, à qui va-t-on retirer des points de permis ???

Donc, selon moi, refaire une loi spécifique à ce voile n’est que pur plaisir de stigmatiser les musulmans.

Récemment sur TV5 une anthropologue du fait religieux (si je me souviens bien de son titre) a déclaré que le voile intégral n’est revendiqué par des groupes musulmans que depuis 70 ans. Ibra même ne le savait pas. (Selon un ami très fort en histoire ça date de beaucoup plus longtemps dans l’empire ottoman). On devrait peut-être commencer, avant d’interdire les choses, par donner à ces femmes des cours d’histoire et de réflexion sur les religions… pour que celles qui disent porter ce voile en toute liberté puissent bénéficier de toutes les cartes possibles, et non des seules que leur mari leur soumettent…

 

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16/12/2009

 

La blague du jour

Même Dieu, quand il a voulu un enfant, il n’est pas venu lui-même : il a envoyé le saint esprit ! Les femmes sont trop mauvaises…

 

Quelques mots aujourd’hui. Je voulais vous écrire pour la fête du mouton qu’on appelle ici Tabaski  mais j’ai traîné… On a mangé beaucoup de mouton, bu quelques bonnes bières fraîches à l’ombre des manguiers : une belle fête en résumé !

Ce soir-là au Centre Culturel il y a eu un super concert revigorant avec 3 artistes burkinabè : Obscur Jaffar (genre un peu Slam), Smockey (Hip Hop) et Sams’K Le Jah (plutôt Reggae mais avec beaucoup de blabla car il est initialement animateur de radio). Celui des 3 qui a indéniablement une vraie présence sur scène c’est Smockey (voir un article sur lui ici : http://www.thomassankara.net/spip.php?article610  – les paroles de A qui profite le crime ?  sont en bas de page ; c’est un métis (mère blanche française) qui a des idées bien trempées et une musique vraiment « énergisante » si on peut le dire comme ça. Entre deux chansons il a dit un truc du style : « Sarko est vraiment fort : on peut penser ce qu’on veut de sa politique, mais pour la première fois on voit un président qui dit clairement : « Je vais vous entuber bien profond ! » et qui le fait !!! ». Trop bon ce chanteur !

 

A part ça tout va bien ici. L’hiver précoce est bien installé, il fait frais le plus souvent et on dort bien, au chaud sous nos couvertures !

 

Ci-dessous les paroles de Votez pour moi de Smockey, un article tiré du dernier Sarkophage (La Peur), un extrait du livre La tyrannie de la réalité de MonaChollet et un article de Mediapart (Le moyen âge religieux).

 

 

 

Votez pour moi ! Smockey

 

Mesdames et messieurs je vous prie d’approcher

Bien qu’ce soit la période des vaches maigres, je n’vous mangerai pas

 

Un, deux, trois : votez pour moi

Sur la croix, je serai droit

Quatre, cinq, six : plus de justice

Je punirai tous mes complices

Sept, huit, neuf : j’remets tout à neuf

Je promets, même si c’est du bleuf

Dix, onze, douze : avant qu’on en découse

Je vous mets tous dans la bouze !

 

Populations de ce pays, je vous ai compris

Et pour vous le prouver je baisserai le prix du riz

Pour vous je s’rai un père, j’regard’rai pas la dépense

Enfin, j’me rattrap’rai sur la bière et l’essence

Si vous êtes sympa je vous filerai un bonus :

Des tickets gratuits pour venir me voir en bus

Prenez donc mon minibus, admirez mes hibiscus

Et si affinités, vous en aurez beaucoup plus !

Je sais que vous m’aimez, vous me sollicitez

Mais je peux pas faire plaisir à tout l’monde tout l’temps

Alors profitez-en tant qu’il est encore temps :

Ma générosité n’est pas illimitée…

Vous croyez en dieu ? Eh bien moi aussi !

Vous êtes chrétien ou musulman ? Eh bien moi aussi !

Je vous fais remarquer qu’on cherche tous le paradis

Et que par conséquent : on fait partie du même clan !

 

Refrain

 

Le seul qui a un programme ici : c’est moi !

Celui qu’a créé le parti : c’est moi !

L’hippopotame comme emblème ? Ça c’est une idée d’ma femme

Qui depuis lors ressemble beaucoup à cet animal…

Votez pour moi et vous ne le regretterez pas

Vous n’me sentirez pas, vous n’me remarqu’rez pas

Je me ferai discret quand je ponctionnerai l’Etat

Je ferai mieux en un an que Mobutu en dix mandats !

On dit qu’j’suis corrompu : foutaises !

Pour beaucoup moins qu’ça certains ont vendu leur mère

Moi j’ai longtemps résisté avant de prendre l’argent

Mais maintenant c’est fini : vous pouvez compter sur moi

Dites-moi c’qu’ils ont fait pour vous à part exporter votre blé

Dans des comptes en Suisse, des placements à l’étranger

Moi je propose de nationaliser l’pognon

Blanchiment d’accord ! Mais y a d’la place dans mon salon

 

Refrain

 

Qu’est-ce qu’y a ? Vous pensez qu’j’essaie d’vous soudoyer ?

Que tout c’qui m’intéresse au fond, c’est d’vous acheter ?

Peut-être… Mais alors, réfléchissez :

Si c’était l’cas, est-ce que vous refuseriez ?

Le choix des billets propres n’est pas le plus judicieux

J’en ai vu des très sales qui étaient si nombreux

Que dans ma main je les ai pris et dans ma poche je les ai mis

Pis j’suis sorti dans la rue : c’était ni vu, ni connu…

C’est vrai que c’est une question de vocabulaire

Détourner n’est pas voler mais redistribuer

De façon à ce que celui qui se sentait lésé

Voit en définitive son injustice réparée

Paraît qu’Robin Des Bois vole les riches pour les pauvres

Ce qui est très bête : vous s’rez jamais riches !

C’est plus facile de satisfaire en faisant l’contraire :

Tout simplement du Robin Des Bois à l’envers !!!

 

Refrain

 

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18/11/2009 Changement climatique

 

Un bail que je ne vous ai pas écrit…

Quelques nouvelles donc ne feront pas de mal !

 

Mon boulot se passe bien ; ça me fait apprendre à utiliser ACCESS et office 2007, à faire des factures, à m’organiser dans une comptabilité ; je révise mon anglais (par mail) ; mon bureau est assez loin (20 minutes en mob) mais je suis peinard une fois sur place, en plus je peux mettre le ventilo ou la clim, j’ai un ordi tout neuf, écran plat, windows XP… et le must est que, comme il n’y a absolument rien de compliqué à faire, dès que je sors du boulot je range tout au placard et je n’y pense plus : plus de stress en rentrant, plus de "est-ce que mes cours sont prêts pour demain ?" ou de "comment je vais vérifier qu’ils ont bien assimilé cette notion ?" dans la tête en permanence, ce qui me repose énormément la tête !!!

 

A part ça je continue de donner quelques cours à gauche à droite, plus ceux que je donne en fac… Je suis un peu crevée mais au moins j’ai de quoi vivre, c’est le principal pour le moment !!!

 

Côté changement climatique, que se passe-t-il ? Autant en 2008 il s’était arrêté de pleuvoir tôt (trop tôt), début septembre je crois, et l’Harmattan était arrivé tard (vers le 10 décembre), nous laissant une période de chaud entre les deux, autant cette année il a plu jusque tard, trop tard, parce que les 15 derniers jours d’octobre on a eu des pluies vraiment très abondantes, parfois jusqu’à deux fois par jour. Ceux qui avaient récolté et attendaient que leur récolte sèche, étalée par terre, l’ont vue pourrir ou germer à même le sol… certains ont vu leur maison de terre s’écrouler… Et le « froid » a commencé pratiquement juste après, et nous sommes tous en train de nous remplir de poussière rouge, par les yeux, le nez, la bouche, les oreilles… Mais bon, c’est quand même un peu reposant par rapport aux grandes vagues de chaleur qu’on peut connaître ici.

 

Les derniers romans que j’ai lus sont L’histoire de Pi, de Yann Martel, absolument génial, je le recommande aux petits comme aux grands, un beau cadeau à faire, et Les yeux jaunes des crocodiles suivi de La valse lente des tortues, de Katherine Pancol, deux merveilles également, à lire plutôt par les adultes, non qu’il y ait des choses choquantes pour les enfants mais plutôt je crois qu’ils ne comprendraient pas tout.

 

Je vous laisse sur ce morceau choisi du dernier Canard que j’ai lu… un bijou !

 

 

RSA : dites-nous tout sur vous !

Pour avoir droit au RSA, il faut remplir un questionnaire, et ce n’est pas une mince affaire.

 

[…] On y trouve notamment, pour les célibataires, cette question a priori innocente : « Percevez-vous une pension alimentaire ? », suivie de cette curieuse injonction : « Si non, vous êtes susceptible d’engager une action envers vos parents pour obtenir une pension alimentaire. Si vous souhaitez être dispensé de cette démarche, précisez le motif (logé gratuitement par les parents, aide financière versée par eux)… »

Ainsi, les services de l’Etat rappellent aux enfants qu’ils peuvent attaquer leurs parents en justice pour se faire entretenir : abbé Pierre, reviens, ton disciple Martin Hirsch a perdu le sens de la charité chrétienne !

 

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15/09/2009 Le contrat social

 

Les citations du jour pour commencer (tirées du Zapping 2007) :

« Lorsque l’argent parle, la vérité se tait. » Proverbe togolais

« L’affaire Clearstream est destinée à cacher l’affaire des frégates de Taïwan. » Juge Renaud Van Ruymbeke

 

Ce mois de septembre est une délivrance pour moi : j’ai enfin un boulot !!! Je vais être l’assistante d’un français qui est dans le buziness des noix de karité. Les nouvelles sont donc bonnes et le moral remonte.

 

A part ça, nous avons été envahis par les blattes dernièrement, et j’ai trouvé une super recette pour s’en débarrasser : http://www.ethologie.info/Etho-logique/Blattes.htm

Je conseille à tout le monde de lire cette page, ne serait-ce que parce qu’on rigole bien en la lisant !

Côté pratique, depuis que nous avons débuté l’opération famine, seuls quelques rares individus de cette espèce osent encore s’aventurer chez nous, que nous tuons à la bombe insecticide (et non plus au pied), et notre maison n’a jamais été aussi nickel-chrome ! Jamais je n’ai autant astiqué mon plan de travail à l’eau de javel !!!

 

J’ai oublié de vous dire aussi que cette année je suis en passe de réussir la totalité du Ramadan, et une fois de plus ça m’a fait un bien fou intérieurement !

 

A part ça, cet été, après un bon mois de boulimie de la trilogie Jason Bourne – j’ai bien dû les regarder 10 fois chacun…– , je me suis miraculeusement remise à lire, ce qui m’a fait aussi un bien fou. Même si, il faut l’avouer, ce ne sont pas des livres très drôles…

Dans les extraits ci-dessous vous trouverez dans l’ordre :

1.        un extrait de La Divine Origine ;

2.        les extraits d’un texte sur la composition des graisses. J’ai cherché quels étaient les bienfaits de l’huile de sésame puisque j’ai réussi à en trouver à Ouaga, et je suis tombée sur ce document assez intéressant. J’avoue que je pensais très basiquement que la « qualité » d’une huile dépendait uniquement de son pourcentage d’acides gras polyinsaturés, eh bien ça semble loin d’être aussi simple !

3.        des extraits de J’ai serré la main du diable de Roméo Dallaire, un livre hallucinant sur le génocide au Rwanda ;

4.        des extraits de Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ? d’Eva Joly, sur la corruption généralisée à la tête de tous les Etats du monde… hallucinant également ;

5.        enfin un article du Monde du 21 août.

Actuellement je suis dans l’essai d’Odile Tobner : Du racisme français.

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(je rappelle que Marie Balmary est psychanalyste et qu’à ce titre elle s’intéresse à l’avènement du sujet)

 

Une parabole, c’est une histoire dont le sens est caché. Je me suis longtemps demandé à quoi servait ce détour. Celle [de l’homme qui avait deux enfants ; Matthieu, 21, 28-32] m’engage vers cette formulation : une parabole est une histoire dont la clé est cachée de telle façon que seule la première personne peut la trouver. Message codé écrit par un sujet pour un autre sujet.

 

Moïse dit à Elohim : « Qui suis-je, JE,

oui, pour aller vers Pharaon,

oui, pour faire sortir les fils d’Israël d’Egypte ? » (Exode, 3, 11)

A la très grave question de Moïse, le dieu ne répond pas. Il fait beaucoup mieux.

YHWH ne dit pas à Moïse qui est JE-Moïse. L’erreur de définir le sujet pour l’assurer, il ne la commet pas. Il lui donne cela seul qu’un sujet peut recevoir d’un autre et qui ne l’empêche pas, mais qui l’aide, à se lever : sa présence en première personne, son être-sujet lui-même. Le dieu ne dit pas qui est l’homme, il le rend possible. YHWH dit :

« Oui, je serai avec toi. » (Exode, 3, 12)

 

Marie Balmary, La Divine Origine, Dieu n’a pas créé l’homme

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Composition des différentes graisses (trouvé sur http://www.amessi.org)

 

L’huile d’olive

Grâce à un haut pourcentage d’acide oléique, l’huile d’olive est idéale pour la salade et pour cuisiner à température modérée. L’huile d’olive extra-vierge est aussi riche en anti-oxydants. Elle a survécu aux tests des années ; l’huile d’olive est l’huile végétale la plus saine mais n’en abusez pas. Les acides gras à chaîne longue pourraient contribuer à une augmentation de la masse adipeuse.

 

L’huile de sésame

Elle peut être utilisée pour la friture par ce qu’elle contient des anti-oxydants uniques qui ne sont pas détruits par la chaleur. Cependant, le taux élevé d’oméga 6 rejette une utilisation exclusive.

 

Les huiles de maïs, tournesol, coton et carthame contiennent toutes plus de 50% d’acide linoléique oméga 6, et une quantité minimale d’oméga 3. Les chercheurs sont en train de découvrir les dangers d’une consommation excessive d’oméga 6, rance ou non. L’utilisation de ces huiles devrait être strictement limitée.

 

L’huile de noix de coco est saturée à 92% dont les 2/3 en forme d’acide gras à chaîne moyenne. Ce qui est intéressant est la présence d’acide laurique en grande quantité, que l’on trouve aussi dans le lait maternel. Cet acide gras a des propriétés anti-microbiennes et anti-fongiques. L’huile de noix de coco protège les populations tropicales des bactéries et champignons très présents dans leur alimentation ; et comme ces pays de zone tropicale en voie de développement ont adopté les huiles végétales poly-insaturées, les incidences de troubles gastriques et de déficiences immunitaires ont dramatiquement augmenté. L’huile de noix de coco est souvent ajoutée au lait maternisé.

 

L’huile de noyaux de palme d’abord utilisée en couverture de bonbons, contient aussi un taux élevé d’acide laurique. Ces huiles sont très stables et peuvent être stockées plusieurs mois à température ambiante sans qu’elles ne deviennent rances. Les huiles tropicales hautement saturées ne contribuent pas au développement des maladies cardio-vasculaires et ont nourri pendant des siècles des populations en bonne santé. C’est dommage que l’on ne les utilise pas en cuisine et pâtisserie : leur mauvaise réputation n’est que le résultat de la propagande de l’industrie domestique des huiles végétales.

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J’ai serré la main du diable,  Roméo Dallaire

 

Pour la plupart des pays, servir l’ONU n’a jamais semblé valoir la peine de prendre le moindre risque. Malgré toutes leurs déclarations hypocrites prétendant le contraire, les nations membres de l’ONU ne tiennent aucunement à ce que cette organisation soit forte, indépendante et à ce que sa réputation soit enviable. Ses membres veulent un organisme faiblard, redevable envers eux, un bouc émissaire endetté qu’on peut blâmer pour ses échecs ou dont on peut, le cas échéant, s’attribuer les victoires.

Le pire, c’est que je soupçonne ces puissantes nations d’avoir refusé de s’impliquer parce qu’elles connaissaient beaucoup mieux que nous les menaces qui pesaient sur l’application des ententes d’Arusha. Il est évident que la France, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les Etats-Unis – en d’autres termes, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité – possèdent tous des ambassades au Rwanda, y compris des attachés militaires et des agents de renseignements. A l’exception de quelques unités au sein du FPR (Front Patriotique Rwandais), la hiérarchie politique ou militaire rwandaise ne recourait pas aux techniques de codage. A moins d’avoir été dans un état d’hébétude avancée, ce qui est fort douteux, entre les signaux humains, les renseignements recueillis sur le terrain et les moyens aériens et spatiaux, les grandes nations connaissaient en détail ce qui se passait. Les français, les belges et les allemands avaient des conseillers militaires par douzaines à tous les niveaux de commandement des forces militaires, de la Gendarmerie, ainsi qu’au sein des structures de formation militaire rwandaises.

 

[…] Hallqvist, agent d’administration principal à la MINUAR, m’expliqua qu’étant donné que l’ONU n’avait pas de ressources propres, elle devait quémander tout ce dont ses missions avaient besoin, au contraire de ce qui existait à l’OTAN qui pouvait fournir le matériel nécessaire aux opérations. A l’ONU, si on ne demandait rien, on n’obtenait rien. Les soldats, par exemple, doivent manger et boire. Avec un organisme comme l’OTAN, les aliments et l’eau sont fournis automatiquement. Dans une structure comme l’ONU, il faut quémander les rations alimentaires. Le bon sens était totalement inexistant. Lorsque nous demandions des lampes de poche, il était préférable de préciser que nous voulions des piles et des ampoules en même temps, sinon les lampes de poche seraient arrivées vides.

 

[…] Ironie du sort, la rotation des nations membres de l’ONU siégeant de façon temporaire au Conseil de sécurité, aux côtés des membres permanents, faisait que, depuis le 1er janvier 1994, le régime rwandais possédait un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. Il en résultait que les rwandais avaient maintenant accès à une foule de documents confidentiels qui concernaient la mission chez eux.

 

[…] Un peu plus tard, le même jour, une des équipes d’observateurs militaires en poste à l’aéroport a fouillé un DC8 qui venait d’arriver à Kigali alors qu’il n’était pas prévu. L’avion transportait des tonnes d’obus, d’artillerie et de mortier. Les papiers de l’avion – son enregistrement, le propriétaire, les assurances et le manifeste – faisaient état de sociétés en France, en Angleterre, en Belgique, en Egypte et au Ghana. La plupart des nations mentionnées sur la liste avait engagé des troupes dans la MINUAR. Brent a demandé à un officier belge comment il se sentait à risquer sa vie au Rwanda pendant que son pays vendait des armes qui pourraient servir à le tuer.

 

[…] Plus le mois de février tirait à sa fin, plus je devenais inquiet au sujet des conditions d’existence de mes troupes. Les engins blindés pour le transport de personnel que j’avais demandés des mois auparavant étaient arrivés le 30 janvier, d’une mission de l’ONU au Mozambique. J’en avais commandé vingt. Seulement cinq des huit véhicules reçus étaient en état de marche. Ils nous arrivaient sans mécaniciens qualifiés pour les faire fonctionner, sans pièces détachées, sans les outils nécessaires et avec des manuels d’utilisation rédigés en russe !

 

[…] A la toute fin de février, un de nos observateurs africains, qui avait enseigné avant d’entrer dans l’armée, a commencé à visiter les écoles dans les régions éloignées du pays. Au cours d’une de ces visites, il a remarqué que les maîtres étaient occupés par une tâche administrative : ils inscrivaient les élèves selon leur origine ethnique et les asseyaient en conséquence, c’est-à-dire les Tutsis avec les Tutsis, les Hutus avec les Hutus. Cela lui a paru bizarre puisque, au Rwanda, les enfants n’étaient pas obligés d’avoir de papiers d’identité.

 

[…] La France avait écrit au gouvernement canadien pour demander mon retrait du commandement de la MINUAR. Il était évident que quelqu’un avait lu mes rapports et n’avait pas apprécié que je mentionne clairement la présence de soldats français au sein de la Garde présidentielle, une instance qui entretenait des liens étroits avec les milices de l’Interahamwe (milices largement responsables des massacres pendant le génocide).

 

[…] New York pas plus que Bruxelles n’avaient résolu nos problèmes de munitions, et personne ne voulait payer pour remplacer celles utilisées par le premier contingent belge pour son entraînement. Nos soldats possédaient chacun deux chargeurs de quarante ou soixante coups – une quantité vraiment insuffisante. Cela leur permettrait de répondre à un échange de coups de feux d’une durée de une à trois minutes. Après cela, ils en seraient réduits à lancer des cailloux.

 

[…] En ce jour de Pâques, les extrémistes, les modérés, les simples villageois et les fervents pratiquants étaient tous à l’église et chantaient la résurrection du Christ. Exactement une semaine plus tard, ces mêmes bons chrétiens deviendraient des meurtriers et des victimes, et les églises des lieux où se commettraient de sauvages actes de boucherie planifiés avec soin.

 

[…] Il était terrifiant et totalement surréaliste de parler à des personnes que l’on connaissait, de les entendre supplier pour obtenir de l’aide et de ne pouvoir rien faire, sauf les rassurer en leur disant que les secours arrivaient et, ensuite, d’entendre des cris, des tirs et puis le silence au bout de la ligne. On raccrochait en état de choc. Le téléphone sonnait de nouveau et la même tragédie se répétait.

 

[…] Les renseignements étaient peu détaillés, incomplets et difficiles à rassembler […]. Tout le monde parlait anglais, que ce soient des civils appartenant à l’ONU ou des militaires. Il s’agissait de leur deuxième, troisième ou quatrième langue. Même si nous nous trouvions dans un pays francophone, l’anglais était la langue de travail, comme il est de coutume lors des opérations de l’ONU. Il y avait eu certaines exceptions, par exemple au Sahara occidental et en Amérique centrale, où le français et l’espagnol avaient été respectivement utilisés. Dans mon rapport technique, j’avais fortement recommandé que la langue de travail de la MINUAR soit le français. Le DOMP (Département des Opérations de Maintien de la Paix de l’ONU) refusa en prétextant que je ne réussirais pas à trouver suffisamment de personnel parlant cette langue pour les besoins de la mission.

Le major Brent Beardsley était le seul des 2538 personnes faisant partie du personnel militaire de la MINUAR dont la langue maternelle était l’anglais. […] Les messages très importants devaient être répétés et répétés de nouveau jusqu’à ce qu’un bangladais tente de les transmettre dans un anglais boiteux à un uruguayen qui, lui, devait les répéter à un ghanéen qui, à son tour, les communiquait à un belge d’origine flamande.

 

[…] ils avaient reçu de l’aide sous forme de maïs. Il m’en montra quelques grains. Il s’agissait de céréales pour le bétail, reconnaissable à ses gros grains, durs et irréguliers. Le vieil homme m’expliqua qu’ils ne disposaient pas du nécessaire pour moudre ce grain, pas de marmite ni d’eau ni de bois pour le cuire. Bref, ce grain fourrager n’était pas comestible à moins d’être cuit, mais certains enfants affamés le mangeaient quand même. Ces grains dentelés leur déchiraient les entrailles et ils mouraient d’hémorragies internes.

 

[…] Les médias français allaient bientôt diffuser des entrevues de soldats français bouleversés parce que c’était leurs alliés qui perpétraient des massacres et non le FPR, contrairement, selon eux, aux affirmations de leurs supérieurs. Certains militaires comprirent rapidement l’horrible responsabilité reposant sur des soldats de la paix dans une situation de génocide. Bien que leurs objectifs soient humanitaires, les forces de l’Opération Turquoise étaient extrêmement mal équipées en camions, pourtant essentiels dans les opérations de secours. A Bisesero, des centaines de Tutsis avaient quitté leur cachette à l’arrivée d’une patrouille française afin qu’elle les sauve. Les soldats leur avaient dit d’attendre pendant qu’ils iraient chercher des véhicules et les avaient laissés seuls, sans protection. En revenant avec les camions, ils avaient trouvés les Tutsis massacrés par l’Interahamwe.

 

[…] Le coût estimé pour la MINUAR 1 – les américains s’étaient engagés à payer cette somme à l’ONU, sans jamais le faire – ne devait pas dépasser les 30 millions de dollars US. Celui de la MINUAR 2 était à peine plus élevé. En décidant de soutenir Goma, les Etats-Unis dépensèrent dix fois cette somme au cours des deux années qui ont suivi, soit 300 millions. D’un point de vue bassement matériel, ils auraient sauvé beaucoup d’argent en finançant la MINUAR. Comme pour nous donner une idée de la valeur de 800 000 vies dans le livre des comptes de Washington, nous reçûmes un appel choquant d’un américain. Dans le cadre d’une sorte d’exercice de planification, il voulait connaître le nombre de rwandais morts, celui des réfugiés et celui des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Il me dit alors que, selon ses calculs, il faudrait la mort de 85 000 rwandais pour justifier de risquer la vie d’un seul soldat américain.

 

[…] Conclusion

Cela ne fait aucun doute : la responsabilité du génocide rwandais incombe exclusivement aux rwandais qui l’ont planifié, commandé, supervisé et finalement dirigé. Leur extrémisme fut le fruit indestructible et horrible des années de lutte de pouvoir et d’insécurité entretenues habilement par leurs anciens maîtres coloniaux. [il accuse ensuite le chef du FPR Paul Kagamé FPR d’avoir réagi volontairement trop tardivement] Viennent ensuite, comme principaux responsables, la France, qui a bougé trop tard et qui a fini par protéger les auteurs du génocide et déstabilisé la région de façon permanente, et le gouvernement des Etats-Unis, qui a combattu activement la MINUAR et qui s’impliqua seulement pour aider les réfugiés hutus et les auteurs du génocide.

Je fais le mea culpa suivant : en tant que chargé de la direction militaire de la MINUAR, je fus incapable de convaincre la communauté internationale que ce pays minuscule, pauvre, surpeuplé ainsi que ses habitants valait la peine d’être sauvés des horreurs du génocide. Jusqu’à quel point cette incapacité a-t-elle été le fruit de mon inexpérience ? Pourquoi m’a-t-on choisi pour diriger la MINUAR ? Si j’étais expérimenté dans l’entraînement des casques bleus canadiens en vue de participer aux conflits classiques de la guerre froide, je n’avais jamais été moi-même casque bleu sur le terrain. Je n’avais aucune compétence politique et aucune formation dans les affaires africaines ni n’étais familier avec l’enchevêtrement des conflits ethniques où la haine l’emporte sur la raison.

 

[…] la France envoie des troupes prétendument pour maintenir la paix, mais en exigeant qu’elles soient maintenues hors de la structure de commandement de l’ONU. Les français ne veulent pas être limités dans leurs actions et leurs initiatives sur le terrain par la structure de commandement militaire du DOMP, trop restrictive et toujours improvisée.

 

[…] Lectures conseillées

Le meilleur survol de la crise du Rwanda et des circonstances qui ont mené au génocide est le fruit du travail d’un chercheur français du CNRS, le sociologue Gérard Prunier […]. Ne trouvant pas d’éditeur en France, notamment parce qu’il critiquait l’attitude de son gouvernement dans l’affaire du Rwanda, Gérard Prunier a été obligé de publier d’abord son livre en anglais à New York.

 

[…] Au cours du génocide, j’avais soumis un plan pour une intervention internationale de 5 500 soldats afin de mettre un terme aux massacres – un plan qui n’a jamais été adopté. En 1997, ce plan fut soumis à une analyse militaire à l’université de Georgetown […]. Des officiers de haut rang de plusieurs pays ont passé le plan au crible […]. Ces militaires ont conclu que l’intervention que j’avais planifiée aurait, selon des prévisions optimistes, mis un terme à la tuerie et, dans une optique moins idéale, réduit de manière spectaculaire le nombre de victimes du génocide.

 

Roméo Dallaire, J’ai serré la main du diable (650 pages)

Lieutenant-Général Dallaire, commandant de la Force internationale de maintien de la paix des Nations unies au Rwanda (MINUAR) entre août 1993 et août 1994

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Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?  Eva Joly

 

Je prends conscience rapidement que les conventions internationales ont un seul défaut : elles sont rédigées par des gens honnêtes, des fonctionnaires consciencieux qui passent d’un avion à une salle de réunion. Nombre d’entre sont épris du bien commun. Mais ils vivent dans la bulle des institutions. Ils se représentent la corruption et le blanchiment comme un autre monde. Ils se battent contre un ennemi qui n’existe pas. Alors qu’il est là, à côté d’eux, parfois au sein même de leur gouvernement.

[…] J’appartenais à la cohorte des citoyens lambda qui vont travailler contre un salaire régulier, paient leurs impôts, respectent la loi en dehors de petites infractions de trois fois rien et ne se posent pas de question sur tout. Aussi, j’ai longtemps pensé que la corruption des élites était marginale. Après tout, comme le disait Oscar Wilde, « il faudrait être fou pour ne pas se fier aux apparences ».

Il m’a fallu dix ans pour basculer.

 

[…] Notre appréhension du phénomène est faussée par notre besoin de l’occulter. La grande corruption est toujours présentée comme une dérive accidentelle, un dérapage, et non comme le système qu’elle est devenue. Pas un seul commentaire accompagnant le procès Elf n’a omis le paragraphe rituel sur « le temps révolu de ces pratiques détestables ». Nous faisons semblant de penser que le pouvoir n’est en rien altéré par le crime qui a été commis en son sein, avec sa bénédiction. Comme si ce qui ne doit pas être – la trahison des élites – était évacué du champ de notre pensée par une sorte d’aveuglement collectif.

 

[…] En France, au cours de la dernière décennie [1993-2003], plus de 900 élus ont été mis en examen (aux 2/3 pour des délits financiers), dont 34 ministres ou secrétaires d’Etat sur 128 – soit près du quart !

 

[…] Dans les années 1990, au cours d’une perquisition, j’avais trouvé un contrat en bonne et due forme dans le coffre d’une haute personnalité française. Celle-ci effectuait une activité de « conseil » – sans autre précision – pour le compte d’un chef d’Etat étranger. Et percevait une rémunération annuelle de 3 millions de francs de l’époque (environ 457 000 euros), soit plus de 3 fois son salaire brut, déjà conséquent.

 

[…] Qu’est-ce qu’une nation, sinon un contrat social, une communauté de citoyens qui décident de vivre ensemble ?

[…] Une étude menée en octobre 2000 par l’ONG Citizen for Justice sur 250 des plus grandes entreprises mondiales montre que, grâce à l’utilisation de filiales dans les paradis fiscaux, 10% d’entre elles ne payent pas un dollar d’impôt.

[…] Toutes les enquêtent butent sur le verrou des paradis fiscaux. Pour ne prendre que le seul cas du Luxembourg, un des pays fondateurs de l’Union européenne, un rapport récent a mis en évidence les obstacles judiciaires : « C’est une moyenne de 2100 commissions rogatoires étrangères qui affluent au Luxembourg chaque année. » Lorsque, par bonheur, une réponse parvient sur le bureau d’un juge étranger, il arrive que les renseignements soient inutilisables. Une commission rogatoire est ainsi revenue du Luxembourg avec les mentions suivantes : « Titulaire du compte : un client de la banque. Bénéficiaire du versement : un autre client de la banque. »

[…] Par une ironie de l’Histoire, l’une des deux grandes juridictions européennes, la Cour de justice, siège à… Luxembourg ! Dans ses arrêts sur la concurrence, celle-ci se réfère de plus en plus fréquemment à la protection des droits humains fondamentaux. Or les juges communautaires sont installés à quelques centaines de mètres des 320 établissements financiers du grand-duché, parmi lesquels la chambre de compensation Clearstream […]. La Cour de justice cohabite sans vergogne avec les 12 000 sociétés écrans immatriculées à Luxembourg, ce havre pour la délinquance financière où, par un pied de nez du destin, le même homme occupe les fonctions de ministre du Trésor et de ministre de la Justice.

[…] Quand les avoirs détenus dans les seules îles anglo-normandes approchent la moitié du PIB de la Grande-Bretagne, le contrat social est rompu. L’égalité des citoyens devant la loi n’est plus garantie.

 

Eva Joly, Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?

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Eva Joly dénonce les filiales de la BNP dans les paradis fiscaux

LEMONDE.FR 21.08.09

 

L’eurodéputée Eva Joly (Europe-Ecologie) s’en prend aux intérêts de la banque BNP Paribas dans les paradis fiscaux. Lors des journées d’été d’Europe-Ecologie, vendredi 21 août, elle a interpellé la banque française. « La BNP n’a pas été choisie au hasard, a-t-elle expliqué. Dans notre travail sur l’Afrique, nous avons vu trop souvent la BNP impliquée dans des montages sur le pétrole qui permettaient aux chefs d’Etat de dégager des fonds dans leurs propres comptes ouverts dans les paradis fiscaux », a expliqué l’ancienne juge anti-corruption. « Nous souhaitons savoir pour la BNP ce qu’elle a gagné dans ses 2 filiales à Chypre, dans ses 27 filiales au

Luxembourg, dans ses 21 filiales au îles Caïman », a-t-elle ajouté. Selon l’eurodéputé Pascal Canfin, BNP Paribas, « qui a reçu 5 milliards d’aides publiques », est la banque française qui a le plus de filiales – 189 – dans les paradis fiscaux. Selon lui, elle devrait « justifier de son activité ».

 

BNP Paribas s’est refusée à tout commentaire, renvoyant aux déclarations de son directeur général, Baudouin Prot, lors de la présentation des résultats trimestriels de la banque, le 4 août. M. Prot avait alors affirmé que la banque appliquait des normes « sévères » en matière de « respect des réglementations contre le blanchiment et le terrorisme » dans l’ensemble des pays où le groupe est actif. Il avait également mentionné les propositions formulées fin mai par la Fédération bancaire française (FBF), parmi lesquelles la transparence des implantations et la « proactivité dans la coopération internationale ». Mais la FBF n’avait pas délimité le champ d’application de ces règles, jugeant « pratiquement inutilisable » la « liste grise » des pays non coopératifs en matière fiscale établie par l’OCDE, qui compte 36 pays, dont la Suisse et l’Autriche.

Une loi votée en juin va obliger les banques françaises à publier des informations sur leurs implantations et leurs activités dans les pays non-coopératifs en matière fiscale. Un arrêté ministériel est attendu à la rentrée pour préciser la liste des Etats ou territoires concernés.

Eva Joly a souhaité que « les députés Verts français déposent une proposition de loi qui oblige les multinationales à déclarer les revenus pays par pays ».

« En attendant, Europe-Ecologie va prendre l’initiative d’interpeller ces multinationales », a déclaré la présidente de la commission développement au Parlement européen, souhaitant la « création d’une commission d’enquête chargée d’établir le rôle des paradis fiscaux en matière de développement ».

Il faut également « essayer d’attaquer sur le plan juridique les paradis fiscaux » en jouant sur la

« concurrence déloyale pour les Etats qui cherchent lever les impôts », a expliqué de son côté Pascal Canfin.

 

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21/07/2009

21/07/2009

 

Pour bien
commencer, les citations du jour :

« Paul
Wolfowitz, on ne va pas le jeter dans le fleuve niger, les caïmans n’en
voudront même pas ! »

« Pourquoi
comme alors je ne sème pas ? Pourquoi quand je sème je ne récolte
pas ? Et pourquoi quand je récolte je ne mange pas ? » Zégué
Bamba, paysan

Répliques de Bamako, film d’Abderrahmane Sissako

 

Je me fends
d’un petit mail aujourd’hui.

Ma situation
ne bouge pas, voilà pourquoi je n’écris pas trop. C’est l’été, les grandes
vacances, la ville bouge un peu moins. Enfin, sauf les touristes…

Il fait chaud
et il ne pleut pas suffisamment. Graines de révoltes, encore, pour l’an
prochain ?…

J’ai eu un
moment où je n’avais pas trop le moral mais ça va mieux. Avec Ibra on lit, on
regarde des films. Les vacances quoi !

 

Je me suis
remise à lire substantivement. Marie Balmary surtout. Le deuxième essai. Ce
qu’écrit cette femme me fait tellement de bien… Dès que je lis quelques lignes
je sens chaque cellule de mon corps se détendre et un bien-être profond
m’envahir. Non qu’elle me mène vers dieu (désormais je l’écrirai sans
majuscule) mais vers une meilleure compréhension / assimilation – et donc
réconciliation – des mythes fondateurs de notre civilisation. Sur quoi est-elle
fondée ? Pourquoi tant de symboles intransmis, inconnus, incompris,
pervertis ? Pourquoi cette pseudo-morale judéo-chrétienne si castratrice,
destructrice, enfermante ???

Quel bonheur,
grâce à elle, de sentir les symboles se remettre dans un ordre juste, bon et
nourrissant ! Quelle joie de sentir à nouveau mon sang circuler dans le
bon sens et nourrir mon âme de mille fleurs si resplendissantes !!!

 

Je vous mets également un
article de Maurice Zundel tiré de Physiologie
et psychologie de la tendresse,

qui m’a beaucoup touchée par son explication du pourquoi du comment des humeurs
cycliques de la femme…

 

Bon, je vais
m’arrêter là. C’est peu d’écrit de moi pour beaucoup des autres, mais ne
désespérez pas : je recommence à rêver, mon esprit se réveille et l’envie
d’écrire reviendra bientôt !

 

 

 

Je me souviens d’un dialogue étonnant entre un savant
linguiste et ses auditeurs. Cet homme connaissait tellement de langues qu’on en
restait confondu d’admiration. A la fin de sa conférence, quelqu’un lui
demanda : « En quelle langue rêvez-vous ? » La réponse à
cette fine question vint, surprenante : « Je ne rêve pas. »
Alors, à côté de moi, une voix douce dit avec compassion : « Il
connaît toutes les langues, sauf la sienne. »

 

[…] la religion dont je parle, qui ne s’appelle ni judaïsme,
ni christianisme, ni islam, mais qui est une certaine façon de penser chacune
de ces traditions. L’éternité est pourtant promise à ces croyants, mais dans
quel état… Eternellement inférieure au Supérieur, la créature participe à la
gloire du dieu lorsqu’elle est devenue non pas elle-même, mais Lui : elle
aura tout si elle se prosterne… Monothéisme meurtrier qui ressemble au dieu
despotique qu’il adore, au nom duquel on fera, par les armes ou par la parole,
mourir qui n’adore pas.

 

 […] dans la
primitive église, il était interdit de s’agenouiller le dimanche, étant le jour
de la résurrection. Ne pas s’agenouiller, même devant Dieu – j’allais
dire : surtout devant Lui –, ce jour-là ; que dire alors de
l’agenouillement devant un homme ? Du premier pape il est dit dans les
Actes des Apôtres (10, 25-26) que, voyant venir à lui un païen qui tombe à ses
pieds, il « le réveille et dit : “Lève-toi, je suis moi-même un
humain.” »

 

Jadis, par exemple, au temps d’un certain catholicisme
triomphant, n’était-ce pas souvent dans cette attitude qu’une mère faisait un
fils prêtre : « Mères, donnez vos fils à l’Eglise, ainsi vous ne les
perdrez pas., disait une affiche pour encourager les vocations. Et la même
religion pouvait se perpétuer : la mère, avec le dieu, le fils… Redoutable
trinité.

 

Quelqu’un m’a dit un jour qu’il ne pouvait penser Dieu si
affreux qu’on le lui avait raconté et qu’il avait décidé, pour ne plus
commettre de blasphème, de ne plus mettre les pieds dans une église. Dieu, s’il
était, comprendrait.

 

Il y a dans le Coran un passage où Satan, enfin, dit la
vérité. Au dernier jour, évidemment, lorsque tous les hommes paraîtront devant
Dieu (Sourate 14, 26-27) :

Et quand tout fut fini,
Satan leur dit : « Dieu vous a fait une promesse véritable. Moi, je
vous ai fait aussi des promesses, mais je vous ai trompés. Je n’avais aucun
pouvoir sur vous.

Je n’ai fait que vous
appeler et vous m’avez répondu. Ne me faites point de reproches, n’en faites
qu’à vous-mêmes. Je ne puis ni vous donner du secours ni en recevoir de vous.
Quand vous me mettiez à côté de Dieu, je ne me croyais point son égal… »

[…] j’aime lire cette sourate comme l’aveu final par le mal
lui-même qu’il n’était rien. Qu’une illusion, une tromperie qui ne se croyait
même pas. Et je repense à tous ces actes accomplis, ces paroles dites par nous
sans nous et que nous posons sans y croire. Ce qui vient en nous du Satan, du
lieu en nous où il n’y a personne.

 

Marie Balmary, La Divine Origine, Dieu n’a pas créé l’homme

 

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– Ne crie jamais, un homme ne crie pas. Certains chefs ne
s’adressent à leurs administrés qu’en criant ; ils crient et ils menacent.
Or, vois-tu, un chef qui crie pour se faire craindre sent qu’il lui manque
quelque chose. […] ne crie jamais. Ne crie jamais et ne fuis jamais, quelque
soit ce que tu auras en face. Un homme ne court pas. Quand on doit la vie à la
fuite, on ne vit plus qu’à moitié. On est dominé soit par le souvenir de la
peur, soit par la honte. On n’est plus un homme libre.

 

Seydou Badian, Sous l’orage

 

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ECRIRE SON STRESS
NOIR SUR BLANC PEUT APPORTER UN SOULAGEMENT PHYSIQUE

 

« Relatez par écrit l’expérience la plus désagréable de
votre vie ». Le fait de suivre cette consigne a apporté un soulagement
significatif, objectivé par des critères physiques, à des personnes souffrant
d’asthme et de polyarthrite rhumatoïde de gravité légère à modérément sévère.

Le travail de Joshua M. Smyth et coll. (North Dakota State
University, Fargo) est le premier à démontrer que la rédaction d’un événement
de vie stressant améliore objectivement, sur les critères d’une cotation par le
médecin et des échelles d’évaluation de gravité, des patients souffrant de
pathologies chroniques. Il s’ajoute à un ensemble de travaux, de plus en plus
nombreux, étayant l’utilité de travailler sur les besoins psychologiques des
patients, avec un profit enregistré à la fois en termes psychologiques et
physiques.

Smyth et coll. ont constitué deux groupes parmi 112 patients
souffrant d’asthme ou de polyarthrite rhumatoïde (PR) d’intensité légère à
modérément sévère. Le groupe contrôle a été formé de personnes qui ont écrit
sur des sujets neutres du point de vue émotionnel.

Quatre mois après cette épreuve, les patients asthmatiques
du groupe expérimental ont présenté une amélioration fonctionnelle
respiratoire, consistant en un gain de 19 % en moyenne du VEMS, alors que les
sujets du groupe contrôle n’ont observé aucun changement.

Chez les patients souffrant de PR, le changement s’est
manifesté pour la maladie dans son ensemble, avec une réduction moyenne de la
sévérité de 28 %. Là non plus, les patients du groupe contrôle n’ont pas eu de
modification.

« Ces gains vont au-delà de ceux attribués au
traitement standard que tous les patients ont reçu », constatent les
auteurs, qui ne peuvent pas encore dire si ce type d’exercice peut être
bénéfique dans d’autres pathologies.

 

Extrait d’une
formation sur la gestion du stress

 

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EFFET BOOMERANG CHEZ
MONSANTO

 

Aux États-Unis, cinq
mille hectares de culture de soja transgénique ont du être abandonnés par les
agriculteurs et cinquante mille autres sont gravement menacés. Cette panique
est due à une « mauvaise » herbe qui a décidé de s’opposer au
géant Monsanto, connu pour être le plus grand prédateur de la Terre. Insolente,
cette plante mutante prolifère et défie le Roundup, l’herbicide total à base de
glyphosphate, auquel nulle « mauvaise herbe ne résiste ».

 

Quand la nature
reprend le dessus

 

C’est en 2004 qu’un agriculteur de Macon, en Géorgie, ville
située à environ 130 km d’Atlanta, remarqua que certaines pousses 
d’amarantes résistaient au Roundup dont il arrosait ses cultures de soja. Les
champs victimes de cette envahissante mauvaise herbe ont été ensemencés avec
des graines Roundup Ready, semence
ayant reçu un gène de résistance au Roundup auquel « nulle mauvaise herbe
ne résiste ».

Depuis cette époque, la situation s’est aggravée et le
phénomène s’est étendu à d’autres états, Caroline du Sud, et du Nord,
Arkansas,  Tennessee et Missouri.

Selon un groupe de scientifiques du Centre for Ecology and Hydrology, organisation britannique située à
Winfrith, dans le Dorset, il y aurait eu un transfert de gènes entre la plante
OGM et certaines herbes  indésirables, comme l’amarante. Ce constat
contredit les affirmations péremptoires et optimistes des défenseurs des OGM
qui prétendaient – et persistent à  affirmer – qu’une hybridation entre
une plante génétiquement modifiée et une plante non-modifiée est tout
simplement « impossible ».

Pour le généticien britannique Brian Johnson, spécialisé
dans les  problèmes liés à l’agriculture : « Il suffit d’un seul
croisement réussi sur  plusieurs millions de possibilités. Dès qu’elle est
créée, la nouvelle plante  possède un avantage sélectif énorme, et elle se
multiplie rapidement. L’herbicide puissant utilisé ici, à base de glyphosphate
et d’ammonium, a exercé sur les plantes une pression énorme qui a encore accru
la vitesse d’adaptation. »

Ainsi, un gène de résistance aux herbicides a, semble-t-il,
donné  naissance à une plante hybride issue d’un saut entre la graine
qu’il est censé protéger et l’amarante, devenue impossible à éliminer. La
seule  solution est d’arracher les mauvaises herbes à la main, comme on le
faisait autrefois, mais ce n’est pas toujours possible étant donné l’étendue
des cultures. En outre, ces herbes, profondément enracinées, sont très
difficiles à arracher et 5 000 ha ont été tout simplement abandonnés.
Nombre de cultivateurs envisagent de renoncer aux OGM et de revenir à une
agriculture traditionnelle, d’autant que les plants OGM coûtent de plus en plus
cher et la rentabilité est primordiale pour ce genre d’agriculture. Ainsi, Alan
Rowland, producteur et marchand de semences de soja à Dudley, dans le Missouri,
affirme que plus personne ne lui demande de graines Monsanto de type Roundup Ready alors que ces derniers
temps ce secteur représentait 80 % de son commerce. Aujourd’hui, les graines
OGM ont disparu de son catalogue et la demande de graines traditionnelles
augmente sans cesse.
Déjà, le 25 juillet 2005, The Guardian
publiait un article de Paul  Brown qui révélait que des gènes modifiés de
céréales avaient transité vers des plantes sauvages, créant ainsi une
« supergraine » résistante aux herbicides, croisement
« inconcevable » par les scientifiques du ministère de
l’environnement.

Depuis 2008, les media agricoles américains rapportent de
plus en plus de cas de résistance et le gouvernement des États-Unis a
pratiqué  d’importantes coupes budgétaires qui ont contraint le Ministère
de l’Agriculture à réduire, puis arrêter, certaines de ses activités.

 

Plante diabolique ou
plante sacrée ?

 

Il est amusant de constater que cette plante,
« diabolique » aux yeux  de l’agriculture génétique, est une
plante sacrée pour les Incas.

Elle fait partie des aliments les plus anciens du monde.
Chaque plante produit en moyenne 12 000 graines par an, et les
feuilles, plus riches  en protéines que le soja, contiennent des vitamines
A et C et des sels  minéraux. Ainsi ce boomerang, renvoyé par la nature
sur Monsanto, non seulement  neutralise ce prédateur, mais installe dans
des lieux une plante qui  pourra nourrir l’humanité en cas de famine. Elle
supporte la plupart  des climats, aussi bien les régions sèches que les
zones de mousson et  les hautes terres tropicales et n’a de problèmes ni
avec les insectes  ni avec les maladies, donc n’aura jamais besoin de
produits chimiques.
Ainsi, « la marante » affronte le très puissant Monsanto, comme
David s’opposa à Goliath. Et tout le monde sait comment se termina le
combat, pourtant bien inégal ! Si ces phénomènes se reproduisent en quantité
suffisante, ce qui  semble programmé, Monsanto n’aura bientôt plus qu’à
mettre la clé sous  la porte.

À part ses salariés, qui plaindra vraiment cette entreprise
funèbre ?

 

Cécile Fléché

 

Cécile Fléché est une
des toutes premières premières femmes diplômées vétérinaire. Elle a
beaucoup agi avec ATTAC à Grasse, a dirigé le laboratoire départemental 06 de
pathologie des petits ruminants et des abeilles. Elle a travaillé sur les
effets du Gaucho et du Regent sur les abeilles

 

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Physiologie et
psychologie de la tendresse

 

Le nouveau-né demeure en symbiose, en communauté de vie,
avec sa mère par l’allaitement. Les seins de la femme expriment ce geste
nourricier comme l’extase de son coeur vers l’enfant possible dont la promesse éclôt
en elle au moment de la puberté. La tendresse est inscrite dans ce mouvement de
sa morphologie et elle importe plus encore que le lait dont la source peut être
remplacée.

 

Alors que durant la vie intra-utérine le foetus n’est encore
pour la mère qu’un objet vague et indéterminé, le nourrisson lui apporte cette
merveilleuse découverte d’un visage à contempler tandis que dans le geste de
l’allaitement, il reçoit d’elle en même temps que sa tendresse, le droit de
vivre, si souvent inventorié par la psychanalyse, qui complète de façon obscure
mais indispensable l’élan de la génération.

 

Le dossier des enfants mal aimés ou refusés par leur mère, aussi
bien, est si énorme et si tragique qu’il doit être toujours présent à la
mémoire de quiconque est appelé à remédier à la délinquance ou aux troubles
psychiques. L’importance majeure de ce facteur affectif qui alimente la vie du
nourrisson comme un nouveau cordon ombilical et qui conditionne le climat de
toute son activité mentale, suppose naturellement, chez la mère, une
inclination vers ce don sensible qui prolonge l’élan de son coeur vers le fruit
de ses entrailles.

 

Mais une telle aptitude à donner, imprimée dans ses formes, implique
une aptitude égale à recevoir qui enracine la femme dans un univers de
tendresse qui lui importe plus que le pain qu’elle mange. Il semble qu’elle ait
elle-même besoin toute sa vie de ce complément de génération où son psychisme
respire à travers un épiderme que les caresses vivifient, comme elle se vêt –
quand elle le peut – de tissus délicats qui lui épargnent la rudesse de
contacts susceptibles de la blesser.

 

Il suffit en tout cas, d’avoir rencontré la détresse sans
issue de ces sensibilités féminines emprisonnées dans la banquise d’une solitude
glaciale, incapables de toute communication autant qu’elles sont privées de
toute affection, pour conclure que la tendresse conditionne chez la reine, une
sorte de circulation vitale aussi utile que celle du sang.

 

Et peut-être y a-t-il, en effet, un lien cyclique, encore insuffisamment
précisé, entre le rythme physiologique coextensif à son pouvoir d’enfanter, qui
la marque si profondément de la puberté à la ménopause, et les phénomènes
psychiques où les réactions de sa sensibilité se font jour. On conçoit
difficilement, en toute hypothèse, que les cycles humoraux ne retentissent pas,
de quelque manière, sur les dispositions des énergies nerveuses qui
conditionnent ses réponses spontanées aux situations où elle se trouve engagée.

 

Le Docteur Vittoz peut nous aider à prendre plus nettement conscience
du lien que nous cherchons à établir, dans la mesure où son intuition maîtresse
a été, vraiment, le pressentiment d’une circulation nerveuse comparable à celle
du sang. Il a parfaitement reconnu, comme en témoigne sa méthode, que nos
énergies nerveuses peuvent se bloquer et se coaguler, en quelque sorte, en une
manière d’embolie qui fait barrage à leur normale diffusion.

 

En sens inverse, notre réceptivité peut être altérée au
point d’obstruer les relations périphériques ou d’aboutir parfois à une
véritable impossibilité de communiquer avec autrui. Il a tenté de remettre en mouvement
ces énergies nerveuses, d’en rétablir la circulation, en réapprivoisant les
voies sensorielles dans ce qu’il appelle l’acte inconscient qui consiste
précisément à vivre pleinement une sensation objective, à s’absorber en elle de
manière à faire refluer vers elle le courant nerveux jusque là bloqué et, en le
concentrant sur un seul point, il rend leur disponibilité à tous les appels du
psychisme.

 

Quiconque est voué à un effort cérébral prolongé sait le
secours que peut lui apporter une sensation périphérique qui fait contrepoids en
plein travail à une excessive concentration, comme de sucer un bonbon, de
mastiquer un chewing-gum ou de fumer une pipe. Quand la fatigue mentale rend
toute étude impossible, le travailleur se livre presque instinctivement à un
travail matériel : il laboure son jardin, pour se reposer d’une attention
dispersée sur une pluralité d’objets extérieurs, ou de la tension qui le rivait
à la poursuite rigoureuse d’une pensée abstraite.

 

Or, il semble bien, que la femme soit particulièrement
exposée à ces courts-circuits qui interceptent le courant nerveux et raidissent
le psychisme dans un isolement sans issue qui peut atteindre à un paroxysme de
détresse dont aucun événement ne justifie le caractère désespéré.

 

Elle n’a plus alors de sensibilité que pour souffrir une
solitude impénétrable où toute parole devient irréelle, où tout conseil échoue,
où tout idéal perd sa puissance d’aimantation, où toute résolution prend la
couleur abstraite des constructions livresques sans prise sur la vie. Elle n’y
peut d’ailleurs strictement rien, car elle ne dispose plus de cet intermédiaire
qui fait communiquer spontanément les divers niveaux de l’être entre eux, (tout
en assurant les ouvertures sur le dehors). Elle vit une espèce de mort
psychique qui peut devenir une épreuve intolérable.

 

Un geste de tendresse, l’expérience le prouve abondamment, est
quelquefois seul capable d’opérer ici le miracle qui ranimera le psychisme en
faisant circuler la vie. Il faut ce contact sensible d’une affection chaleureuse,
pour débloquer le courant nerveux, en donnant un visage à l’univers anonyme des
objets où elle se sentait étrangère.

 

Comme l’enfant, dont elle est la providence, la femme, en
effet, n’est comblée que par une présence vivante. Quels que puissent être ses
dons dans l’exploration de l’abstrait ou ses réussites dans le domaine scientifique,
elle ne peut en faire toute sa vie et, quand elle atteint au point mort où ses
accumulateurs sont à plat, ses talents ne lui sont d’aucun secours. Aussi douée
qu’elle soit, elle a besoin d’un témoignage affectueux pour retrouver le
courant et émerger de la mer de glace où son psychisme agonise. C’est ce qui
explique qu’elle accorde parfois un crédit, aussi dangereux pour elle
qu’injustifiable objectivement, au premier venu qui a su faire ou simuler le
geste de tendresse sans lequel elle fût demeurée murée dans sa banquise et
fermée à toute communication.

 

C’est d’un homme, en effet, que la femme attend généralement
cette intervention revivifiante qui exorcise le désespoir de sa solitude ;
il lui arrive, trop souvent, d’en être victime ou de se trouver engagée en
d’inextricables conflits quand le mariage n’est pas son lot. Mais comme l’amitié
entre reines peut comporter très normalement une expression sensible, il arrive
heureusement que la tendresse d’une amie suffise à nourrir l’affectivité de
chacune et qu’elles se puissent donner l’une à l’autre le secours qui remet en
marche un psychisme noué sur lui-même.

 

Si elles vivent ensemble, la crise est quelquefois prévenue avant
même d’éclater. Cela dépend naturellement de la qualité de leur attachement et
de la finesse de leurs antennes. Quand l’harmonie est complète, le bonheur peut
l’être aussi, avec parfois une sécurité plus grande qu’avec un partenaire
masculin.

 

Cela ne veut pas dire qu’une telle intimité entre femmes soit
toujours sans danger. Elle peut aisément prendre un tour passionné qui confine
à la sensualité, en effaçant les frontières où le désordre est reconnu comme
tel, au risque d’y succomber en confondant instinct et tendresse. Mais notre
propos n’est pas, pour l’instant, de découvrir dans la passion même une
exigence qui permet de la transcender. Ce que nous voulons saisir ici, ce sont
les racines de la tendresse qui constitue, pour la reine, le seul univers
respirable.

 

Nous avons vu que son aptitude à donner la tendresse qui fonde
son aptitude à la recevoir, s’enracine dans sa physiologie et dans sa
psychologie maternelles. L’enfant ne peut accepter la vie que dans la mesure où
l’amour de sa mère lui confère la saveur d’un don. La tendresse est pour lui un
complément de génération indispensable. Le sein qui l’allaite doit lui rendre
sensible le coeur qui le chérit.

 

Toutes les nuances affectives que requiert ce deuxième enfantement,
toutes les délicatesses du toucher qui atteignent l’âme du nourrisson à travers
sa chair fragile, sensibilisent la femme aux caresses, traduisant la présence
attentive, comme elles la rendent particulièrement vulnérable au désert de
l’absence.

 

Elle est toujours en quête d’un visage où toutes ses valeurs
prennent vie dans un regard qui répond au sien.

 

La périodicité menstruelle retentit sur son psychisme, lui imprimant
ces oscillations de flux et de reflux, qui rendent fragile son équilibre
nerveux, conditionné de toute manière par les présences ou les absences avec
lesquelles elle est confrontée. C’est pourquoi le blocage affectif que l’homme
éprouve parfois à la suite d’un effort cérébral prolongé, peut se produire chez
elle sans raison apparente, en la congelant dans un isolement d’autant plus
douloureux qu’elle est totalement incapable d’en sortir.

 

En réservant les possibilités de la grâce et d’une issue
surnaturelle, il n’y a, en effet, pour elle aucun moyen de mettre un terme à son
épreuve aussi longtemps qu’elle dure. C’est dans cette situation désespérée qu’elle
appelle, de tout son être, une tendresse qui la délivre de sa solitude en
remobilisant ses énergies nerveuses.

 

Si elle est exposée à se tromper, dans ce paroxysme de
souffrance, et à nouer des liens qui la dépasseront et lui imposeront peut-être
une lourde servitude, il faut comprendre, en évitant de "moraliser". N’était-ce
point pour elle une question de vie ou de mort, s’il est vrai qu’on ne peut
vivre sans communiquer ?

 

Quand la femme est supérieure à l’homme, les rôles peuvent être
renversés et la faiblesse de celui-ci appeler la protection maternelle de
celle-là. Ce cas est assez fréquent pour qu’il en soit fait ici mention. Il
faut évidemment, prendre des psychismes de même niveau pour que la comparaison
rende sensibles les différences normales.

 

Mais même si elle assume courageusement la charge d’une insuffisante
virilité, la reine se lasse, à la longue, de "faire l’homme", et elle
aspire à la détente abandonnée d’une tendresse qui est la respiration naturelle
de sa sensibilité et la plus sûre assise de son équilibre nerveux.

 

Maurice Zundel, Le
célibat laïc féminin
, pp.114-118

 

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03/06/2009

 

03/06/2009

 

La citation
du jour pour commencer :

« Les femmes ne sont pas faites
pour être comprises mais pour être aimées »

(entendu dans
une série sur TV5, intitulée « fête de famille »)

 

 

Enfin je sors de mon silence !!!

 

Après une petite
déprime pour mon anniversaire, de gros maux de tête dus à une grosse fatigue
(il fait trop chaud et je dors très mal), et une semaine de formation intense,
me voilà de retour.

 

Rien de
vraiment nouveau sous le soleil. La saison des pluies tarde à commencer
vraiment et entre deux pluies il fait une chaleur étouffante…

 

J’ai rencontré
un français qui vit au Burkina depuis 25 ans et qui a donc vécu ici sous
Sankara. C’est agréable de discuter avec quelqu’un avec qui on se sent vraiment
sur la même longueur d’onde, côté politique d’abord (ah ! trouver
quelqu’un qui lit La Décroissance à Bobo !!!)
mais aussi côté humain… Merci Didier
d’être là !

 

Côté ATTAC (je ne sais plus si j’en ai déjà
parlé) nous sommes peu nombreux ici mais j’apprends peu à peu à composer avec
les africains, avec qui il n’est pas facile en général de s’entendre sur la
manière de penser et d’agir associativement… Attention, ne me faites pas dire
ce que je n’ai pas dit : je n’ai pas dit que je détenais « LA » bonne
façon de faire, j’ai dit qu’il est difficile de s’entendre, ce qui est très
différent.

 

Côté maison
nous avançons aussi : le mur de clôture de la cour est construit, nous
sommes donc moins soumis aux « Toubabou !
Toubabou ! Toubabou ! »
incessants des enfants. Nous avons
désormais 2 canes et 1 canard qui ont une pataugeoire rien qu’à eux et une
maison : le grand luxe ! La race de canards qu’on trouve ici a le
tour des yeux recouvert d’une sorte de peau rouge comme les dindons chez nous,
c’est bizarre ! Notre chat Barack est un vrai grand chat maintenant,
toujours aussi fainéant à dormir toute la journée (!).

Vous me direz
que je donne bien des détails sur nos bestiaux… A cela je répondrai que les
animaux sont d’une compagnie déstresssante et restructurante même quand on n’a
pas de boulot… Je pense aux longs moments passés au bord du canal à Dijon avec
ma grand-mère à regarder les canards, ça me fait du bien.

 

Ibra a eu un
cours d’histoire politique de l’Afrique récemment, délivré par Jeanne-Marie
Kambou-Ferrand venue exprès de France (en pleine saison chaude, elle a dû
souffrir !). C’est une métisse, la fille d’une burkinabè du pays lobi
(vers Gaoua) et d’un blanc, un colon. Sa mère s’est battue auprès de son ethnie
pour pouvoir garder cet enfant de blanc et l’élever dans leurs traditions.

Cette femme
(la prof d’Ibra) a fait un documentaire sur son pays, Mémoire entre deux rives,
pour expliquer la terreur menée par les blancs quand ils sont arrivés, et pour
dire son combat pour que les enfants de son ethnie apprennent leur histoire et
leurs coutumes.

C’est un
documentaire bouleversant de dignité.

A la fin il y
a une histoire qui m’a beaucoup marquée : les lobis, constatant que leurs
enfants ne « réussissent pas bien à l’école des blancs » (alors qu’il
faut pourtant qu’ils apprennent à vivre dans ce monde moderne), se réunissent
en conseil de village (c’était en février 2002). Un vieux explique que quand
les tout premiers blancs sont arrivés en pays lobi, ceux qui avaient des yeux
pour les voir arriver ont fui. Seul est resté un aveugle qui ne les avait pas
vus venir. Quand les « voyants » sont revenus, ils ont trouvé que les
blancs avaient tué l’aveugle en lui versant de l’huile bouillante dans la
bouche… Ce jour-là ils ont juré de ne jamais se laisser faire par les blancs,
qu’ils préféreraient mourir.

Le conseil de
village établit alors que le monde a changé depuis, que les blancs
d’aujourd’hui ne sont pas responsables des atrocités commises par ceux d’hier,
et qu’il faut rompre cette promesse pour que leurs enfants puissent avancer en
paix dans ce monde nouveau. Ils font alors des sacrifices de mouton et de bœuf
aux ancêtres.

Cette
cérémonie de « thérapie collective » est d’une puissance symbolique à
mes yeux des plus importantes ! Si nous pouvions aider tous les peuples
d’Afrique à faire de même, c’est-à-dire non pas à « ressasser le
passé » comme disent certains, mais à panser leurs blessures béantes pour
pouvoir espérer un jour tourner la page et vivre autre chose…

 

J’en viens à présent à ma
formation. Elle a donc duré 5 jours (formation courte) et s’est tenue à Bobo
avec Bioforce (un institut de formation basé à Lyon) qui a une antenne
africaine ici. Pourquoi ici ? Parce que la région Rhône-Alpes a une
coopération décentralisée avec la région des Hauts Bassins, tout simplement.
Ah ! Grenoble ! Que tes montagnes me manquent !!!

Cette formation
s’intitulait Gestion de projet de la solidarité internationale. Nous avions
2 formateurs : un français et un béninois.

Tous les gens que j’y ai
croisés m’ont dit que c’était une très bonne référence à mettre sur un
CV ; d’ailleurs tous les autres participants (nous étions 26 : 20
hommes noirs, 3 femmes noires, 3 femmes blanches) étaient des gens en poste
dans des ONG ou des structures d’Etats d’Afrique de l’Ouest et venaient plus
pour avoir l’atout « Bioforce » sur leur CV (pour pouvoir trouver un
meilleur boulot) que pour apprendre quelque chose puisqu’ils en savaient déjà
énormément.

Nous avons donc vu les
différentes phases d’un « projet », que je pourrais résumer ainsi :

        
diagnostic,

        
planification,

        
programmation,

        
rédaction,

        
mise en œuvre,

        
suivi,

        
évaluation.

Les 2 autres blanches sont
des françaises qui habitent à Bobo, Daphné et Anne. Daphné, 37 ans, a monté sa
propre association de sensibilisation ici à Bobo, la Cinomade, depuis 10 ans.
Je vais y postuler. Ils viennent de mettre en place des ateliers de
sensibilisation sur le thème des ressources naturelles et ça m’intéresse
vraiment !

En fait cette formation m’a
redonné le moral et la confiance en moi dont je manquais ces dernières
semaines… C’est donc très positif !

 

Bon, outre
ça, j’ai expérimenté durant cette semaine-là que la clim n’est pas aussi
bénéfique qu’on peut le penser. Nous étions dans une salle de l’hôtel le plus
cher de la ville et la clim nous garantissait une température bien fraîche, à
tel point que j’avais une écharpe autour du cou presque en permanence.

Il est vrai
que bosser de 8h à 17h dans la clim permet d’être plus efficace les 2 premiers
jours parce qu’on ne subit pas la pesanteur de la chaleur. Mais nous avons tous
chopé un très vif et persistant mal de tête, et j’y ai été particulièrement
sensible, d’autant que mes nuits étaient très peu réparatrices.

J’ai survécu
jusqu’au bout (c’était à se taper la tête contre les murs) à grands renforts
d’efferalgan et de baume du tigre appliqué à longueur de journée sur mes
tempes.

Daphné m’a
recommandé aussi de boire beaucoup… en effet : quand on ne transpire pas,
on ne pense pas à boire, et pourtant la clim ça dessèche, c’est un piège !

 

Autre petite anecdote sur
cette formation : lorsque chaque participant a eu à se lever pour
présenter son voisin rapidement, environ 2 hommes sur 3 ont dit que leur héro
était… leur mère !!! Chacun en tirera les conclusions qu’il veut…

 

Sur ces bonnes
paroles je vais vous laisser !

Votez bien
dimanche ! Même si vous votez blanc ! Moi je n’ai pas encore choisi…

Ici le Brevet
commence, bientôt le Bac. J’ai dû réviser un peu mes maths pour aider quelques
élèves. Ça rafraîchit la mémoire !

 

 

 

GREVE A RFI : ­ La France a une extinction de
voix

Le personnel de Radio France Internationale est
entré dans sa troisième semaine de grève "illimitée" pour protester
contre un plan de licenciement. Une grève qui paralyse fortement l’antenne et
pénalise les auditeurs, mais qui, pour l¹instant, ne fait pas réagir la
direction

RFI a connu une très
mauvaise année 2008, aussi bien en termes d¹audience qu¹en matière financière
(9 millions d’euros de pertes en 2008). Le 15 janvier, la direction annonçait
un "plan global de modernisation", qui prévoit la suppression de 206
emplois et la fermeture de
 six rédactions en langues étrangères
(allemand, albanais, polonais, serbo-croate, turc et laotien). Depuis cette
annonce, l’intersyndicale de l’entreprise est mobilisée. Depuis le 12 mai, à
l’appel de 4 syndicats, une partie des salariés a entamé une grève tournante
"illimitée", reconduite chaque jour, qui bloque 80% de l’antenne.
 
Bras
de fer
Des négociations ont bien été entamées entre la direction et les
syndicats après l’annonce du plan social, mais elles sont toujours dans
l’impasse. Le comité d’entreprise a saisi la justice, qui a suspendu le plan
social, et a demandé auprès de l’Elysée la nomination d’un médiateur, ce que la
direction refuse. Pour justifier le plan social, la direction avait d’abord
invoqué une baisse de l’audience – argument qui a ensuite été abandonné – et
des "raisons géostratégiques". Deux arguments qui ne sont, pour les
syndicats, "ni valables ni justifiés".
 
"L’Etat
devrait donner l’exemple"
Le plan est d’autant plus controversé qu’il survient en pleine
polémique : non seulement la direction vient d’être condamnée par les
prud’hommes à intégrer en CDI une trentaine de salariés qui jusque là
cumulaient les CDD, mais l’intersyndicale a révélé mercredi que le président de
RFI, Alain de Pouzilhac, et la directrice générale Christine Ockrent,
recevaient chacun un salaire annuel de 310 000 euros.
De plus, RFI est une entreprise publique, et beaucoup estiment qu’en temps de
crise, alors que le gouvernement affirme lutter contre les plans sociaux,
l’Etat devrait commencer par "donner l’exemple". C’est ce que
demandent les signataires d’une pétition parue aujourd’hui dans Libération,
parmi lesquels figurent de grands noms de la scène politique, culturelle,
artistique et médiatique.
 
La
voix de la France
Avec 46 millions d’auditeurs dans le monde, RFI est la voix de la
France à l’étranger. Depuis plus de trente ans RFI diffuse l’actualité dans 74
pays, en 20 langues. Les signataires de la pétition soulignent qu’elle
"joue un rôle actif dans la politique et la diplomatie de la France",
représentant les valeurs, ajoutant que "c’est la radio qu’écoutait Ingrid
Bétancourt dans la jungle colombienne, Lech Walesa envoyé en résidence
surveillée ou les otages français au Liban".
Mais la France est en train de muer. La "modernisation" de RFI
s’inscrit dans le contexte de création de la holding Audiovisuel extérieur de
la France (AEF), groupe rassemblant RFI, TV5 Monde et France 24. Une
recomposition dans laquelle les journalistes de RFI, qui voudraient voir leur
radio être le "fer de lance" de la nouvelle structure se sentent
plutôt "soufre douleur", d’autant que la direction de l’AEF envisage
de développer France 24. Pourtant, si RFI subit de plus en plus, en particulier
en Afrique, la concurrence de radios locales, elle demeure une référence. Et
dans certains pays, les auditeurs vivent mal les interruptions de programme. A
terme, la grève pourrait endommager sévèrement l’image de la station.


Audrey Vassalli (www.lepetitjournal.com) vendredi 29 mai 2009

 

– – – – – – – – – – – – –

 

Pendant plus de 30 ans, le
marché du café a été régulé par un International
Coffee Agreement
(ICA). […] L’ICA fixait des quotas d’exportation stricts
aux pays producteurs. Pour ce faire, elle s’inspirait de la méthode mise au
point par l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP). Ces quotas à
l’exportation garantissaient une variation limitée du prix, entre 1,2 et 1,4 $
par livre de café brut.

Mais en 1989, l’ICA a été
liquidé par les sociétés transcontinentales du café. Pour quelles
raisons ? Oxfam apporte la réponse.

Le café est produit pas des
paysans généralement pauvres, mais habitant des pays dont l’importance
géostratégique est considérable. Aussi longtemps qu’a duré la bipolarité de la
société planétaire, autrement dit que se sont affrontés sur la planète deux
systèmes économiques et politiques antinomiques, il a fallu à tout prix éviter
que les millions de familles de cultivateurs ne succombent à la tentation du
vote ou de l’adhésion communistes. Les cosmocrates vivaient, en effet, comme un
cauchemar la menace constante de voir un Brésil, une Colombie, un Salvador, un
Rwanda adhérer au bloc soviétique. Et la stabilisation artificielle des prix
d’achat au producteur, à travers les mécanismes compliqués de l’ICA, devait
conjurer cette menace. Mais en 1989, les frontières occidentales de l’empire
soviétique se sont écroulées. Bientôt, l’Union soviétique elle-même allait se
défaire. Dans ces conditions, l’ICA n’était plus d’aucune utilité. C’est ainsi
que le marché mondial du café est désormais exclusivement soumis au droit du
plus fort. C’est-à-dire celui des 5 plus grosses sociétés transcontinentales.

 

Jean Ziegler, L’empire
de la honte.

 

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07/03/2009

 

07/03/2009

 

Un bail que je ne vous ai
pas écrit ! La raison en est simple : rien de bien marquant dans ma
vie ! Je vais bien, Ibra aussi, et je n’ai toujours pas de boulot. C’est
succinct mais ça résume bien la situation !

 

A part ça
Barack va bien et Cahuèt aussi. A deux carrés de chez nous il y a un autre
singe de la même race que lui, une vieille femelle singe dans une cour de
Mossi, alors je suis allée les présenter l’un à l’autre. On a bien rigolé avec
les femmes et les enfants de la cour !

 

Côté social ou
politique ici je ne sais pas trop quoi vous dire. Blaise trône toujours à la
tête de l’Etat burkinabè, le soleil est toujours là, la saison chaude a
commencé. Que dire d’autre ? Ah si ! Le Fespaco touche à sa fin ce
soir (FESPACO = FEStival Panafricain de Cinéma de Ouagadougou), et sur TV5 ils
passent quelques films intéressants pour l’occasion. Deux exemples : Sarraounia et Le camp de Thiaroye.

Sarraounia est le nom d’une femme reine d’un
village (burkinabè ou nord malien, on ne sait pas trop), très douée dans
l’usage des plantes de toutes sortes et donc vue comme une puissante sorcière,
qui s’est battue contre l’invasion des français. Très beau film.

Le camp de Thiaroye (film de SEMBENE Ousmane, réalisateur
sénégalais mort il y a 2 ans et très très réputé ici ; il a tourné aussi Moolaadé sur l’excision) était un camp
de tirailleurs sénégalais près de Dakar à la fin de la guerre de 40. Camp de
« transit » où étaient parqués ces soldats qui se sont battus pour la
« mère patrie ». Avec leurs chéchias (chapeau rouge mode
« banania ») histoire qu’on les différencie bien des blancs, ils
chantaient lors de leurs exercices :

Moi engagé militaire !

Moi engagé militaire !!

Moi pas besoin galons !!!

(a)Zoutez-moi du riz

Dans ce camp (et
dans d’autres sans doute) on achevait de les humilier… Jusqu’à même, dans ce
cas précis, les fusiller pour avoir osé demander qu’on leur échange leurs
francs français contre des francs CFA au bon taux : on voulait leur
racheter à moitié prix sous prétexte qu’ils n’auraient pas besoin d’argent au
village et qu’on ne savait pas s’ils n’avaient pas volé ces francs sur le champ
de bataille !!!

Ce film (enfin l’histoire vraie qu’il raconte) est
purement honteux !!!

 

Enfin, quelques suppléments
comme toujours pour terminer ce mail.

 

Tout d’abord le
site de Yao (artisanatdiforto.org)
qui est un ami togolais d’Ibra et qui est devenu mon ami aussi. C’est un rasta
et j’avoue qu’il a fait remonter les rastas dans mon estime !!! Sur son
site on peut acheter de l’artisanat, surtout n’hésitez pas, vous avez ma parole
que vous ne vous ferez pas arnaquer. Certains articles sont disponibles en
Italie, l’envoi est donc bien moins cher.

 

Le site
également de veosearch
(www.veosearch.com) dont vous pouvez
faire votre moteur de recherche par défaut et grâce auquel vous pouvez
contribuer gratuitement à l’argent gagné par les associations de votre choix.
Il y a d’ailleurs dessus la DCC, l’ONG avec laquelle j’ai fait ma coopé. La DCC
a aussi un hub sur le site de réseau professionnel viadeo : Volontariat de Solidarité Internationale

 

 

Le perroquet méchant

 

Un homme passe devant une
cour et voit l’écriteau « Attention :
perroquet méchant ! »
. Il se dit alors : « Quelle drôle
d’inscription ! Un perroquet méchant ! D’habitude ce sont les chiens
qui gardent les cours ! ». Il décide d’entrer pour tenter de
comprendre.

Il pousse le portail et
voit effectivement un perroquet posté sur une branche d’arbre. Dès que celui-ci
l’aperçoit il s’écrie : « Médor ! Attaque !!! »

 

 

Les hommes…

 

Un jour, mon mari décide
de laver son maillot de foot.  Quelques secondes après être entré
dans la salle de lavage, il me crie :
– Quel cycle j’utilise pour la machine ?

– Ça dépend, je lui
réponds, qu’est-ce qui est écrit sur ton maillot ?
– PSG
Et ils diront qu’il n’y a que les blondes… 

– – – – – – – – – – – – – –
– – – – – – – – – – – – –

Un matin, je décide de
mettre une lessive en route avant de partir travailler et je dis à mon
homme :

– Tu seras mignon de mettre
le linge à sécher quand ce sera terminé.

En cours de matinée je me
dis :

– Zut ! J’ai oublié de
mettre mon lave-linge en marche…
Et quand je suis rentrée le soir… Mon linge était étendu, sec et
sale ! Je ne pouvais plus m’arrêter de rire. Consciencieusement
il m’avait obéi, trouvant quand même que « la machine essorait
bien, mais qu’elle ne lavait pas parfaitement ». 
Non non il n’est pas blond non plus…
– – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –

Un jour, un homme rentre du
travail pour trouver le chaos qui règne à la maison. Ses enfants,
encore en pyjama, jouent dans la boue du jardin. Sur le gazon, tout
autour de la maison, il y a des cartons de repas congelés et des boîtes de
jus de fruits par terre. Quand il entre dans la maison, c’est encore pire
: la vaisselle sale est éparpillée dans toute la cuisine, le repas du
chien est renversé sur le sol, la vitre est brisée et traîne par terre sur
une grande surface et il y a du sable par terre, sur la table de la
cuisine et les meubles. Dans la salle de séjour, il trouve des jouets,
des vêtements et une lampe renversée. 
A ce moment, l’homme a très peur qu’un malheur ait touché sa femme. 
Il se précipite au second étage et là, stupéfait, il trouve sa femme encore en
pyjama assise dans le lit en train de lire un livre. 
Elle se retourne en souriant et lui demande : 
– Comment était ta journée ? 
– Mais que s’est-t-il passé ici aujourd’hui ?!? 
Souriante… 
– Tu sais, chaque jour en rentrant, tu me demandes ce que j’ai fait durant
la journée et quand je réponds que je me suis occupée de la maison et des
enfants… Tu me dis : « C’est tout ? »
– Eh bien, aujourd’hui, je n’ai rien fait ! 

 

 

Eric Hazan, LQR,
La propagande du quotidien

 

Lorsque la précarité est
venue s’ajouter au contrôle disciplinaire pour effacer ce qui restait d’humain
dans les entreprises, lorsque la consommation des drogues psychotropes par les
salariés a commencé à exploser, les anciens directeurs du personnel se sont vus
transformés en directeurs des ressources
humaines
, les DRH. (La parenté est curieuse entre les théories néolibérales
du « capital humain » et la brochure de Staline longtemps diffusée
par les Editions Sociales, L’Homme, capital le plus précieux.)

De même, quand tout
concourt à l’isolement, il n’est question que de dialogue, d’échange, de communication et le mot ensemble prolifère sur les murs. Dans
l’opacité régnante – « politique », financière, policière –, on
entend dire depuis longtemps que seule la transparence
permet le jeu démocratique.

 

 

Jean-Claude Carrière, La controverse de Valladolid

 

Voici un résumé pour placer
le décor à ceux qui ne le connaissent pas :

En 1550, une question agite la chrétienté : qui
sont les Indiens ? Une catégorie d’êtres inférieurs qu’il faut soumettre
et convertir ? Ou des hommes, libres et égaux ?

Un légat envoyé par le pape doit en décider. Pour
l’aider, deux religieux espagnols :

        
le chanoine Ginès de Sépulvéda, professeur de philosophie rompu à l’art
de la polémique, défendant la guerre et son cortège d’atrocités au nom de Dieu,

        
le père dominicain Bartolomé de Las Casas, homme de terrain ayant vécu
de nombreuses années dans le Nouveau Monde et qui lutte contre l’esclavage des
Indiens.

 

[Une tirade de Sépulvéda] :

        
Tous les peuples de la Terre
sont donc destinés à être chrétiens. A être touchés, un jour ou l’autre, par la
parole du Christ. Le monde est ainsi fait, depuis l’origine des temps. Or,
voici que nous découvrons une population inconnue qui n’a jamais entendu parler
de Notre Seigneur, de la Rédemption, de la Croix ! […] Jamais la parole du
Christ n’a été portée sur ces terres ! Ce qui signifie quoi ? […]
Cela signifie et ne peut signifier qu’une chose : qu’il ne s’agit pas de
créatures reconnues par Dieu ! Qu’elles sont étrangères au salut ! Et
je vais le prouver. D’abord, comme on l’a dit, par l’extrême facilité de
l’action : trois cent hommes venus d’Espagne soumettent un empire fort de
vingt millions d’habitants, et on n’y verrait pas la main de Dieu ? Aucun
exploit, dans aucun temps, n’a pu se comparer à cette conquête ! Même la
maladie était de notre côté ! L’épidémie de petite vérole fut le travail
de Dieu pour éclaircir la route.

 

[Une réflexion de Las Casas] :

Pourquoi Dieu a-t-il collé
les yeux de la plupart des hommes avec de la glu ? Pourquoi les a-t-il
envenimés du goût de l’or et de la possession ? Pourquoi a-t-il donné à
certains d’entre eux l’intelligence la plus fine pour défendre l’horreur
totale ? Pourquoi la haine et la violence sont-elles si fortes, si
durables, si constamment établies dans nos cœurs ?

 

[Une autre intervention de Sépulvéda] :

        
Que faire de ceux qui ne
veulent pas devenir chrétiens ? Voici ce que nous dit saint Luc :
« Force-les à entrer. » Comment donc les forcer à entrer ? Je ne
vois qu’une solution raisonnable : celle qui consiste à les laisser
esclaves tout en essayant de les rendre chrétiens.

 

[Las Casas] :

        
Ecoutez saint Paul :
« Il n’y a pas de Juif ni de Grec, il n’y a pas d’esclave ni d’homme
libre, il n’y a pas de mâles ni de femelles, car vous êtes tous un dans le Christ
Jésus. » Tous un ! Où voit-on dans ce texte les catégories
d’Aristote ? Les étages d’humanité ?

[Sépulvéda] :

        
Vous parliez par saint Paul,
je réponds par saint Augustin. Le bien suprême est le salut de l’âme :
« La perte d’une seule âme non munie du baptême est un malheur plus grand
que la mort d’innombrables victimes, même innocentes. » Voilà pourquoi
nous tenons si ardemment à les convertir.

 

Ce livre est petit, très
facile à lire et très simple. Je le conseille à tout le monde. Il m’a
bouleversée et, si le contact avec le spirituel commence à me manquer (un an
sans messe, quelle hérésie !), je suis très en colère contre cette
religion qui, après avoir finalement accordé la dignité humaine aux Indiens en
1550 lors de cette controverse, a retiré la même année celle des Africains pour
pallier au manque de main d’œuvre en Amérique… Quelle horreur ! Quelle
honte !!! Et dire que les Africains sont si pieux !

 

 

Cheikh Hamidou Kane, L’aventure ambiguë

 

« Pourquoi veulent-ils
que je sache, pensait le maître. Ils savent mieux que moi ce qu’ils désirent.
Au fond… »

[…] C’est la veille au soir
que la délégation était venue. Ardo Diallobé, le premier fils du pays, la
conduisait. On avait remarqué aussi Dialtabé, le maître des pêcheurs, Farba, le
maître des griots, le chef de la corporation des forgerons, celui des
cordonniers, et bien d’autres encore. La maison du maître en avait été remplie.

        
Maître, avait dit Ardo
Diallobé, le pays fera ce que vous direz.

        
Je ne dirai rien, avait
répondu le maître, car je ne sais rien. Je suis seulement l’humble guide de vos
enfants, et non point de vous, mes frères. […] Je jure sur la Parole que je ne
sais pas [ce que vous devez faire]. Ce qu’un homme sait vraiment est pour lui
comme la suite des nombres : il peut le dire infiniment et le prendre dans
tous les sens, sans limites. Ce que je pourrais vous dire maintenant, au
contraire, est rond et court : « Faites » ou bien encore
« Ne faites pas », sans plus. Ne voyez-vous pas, vous-mêmes, la
facilité avec laquelle cela peut se dire, et comme il n’y a pas plus de raisons
de dire ceci que cela ?

Le maître avait parlé avec
véhémence, et ses yeux regardaient tout le monde à la fois, comme pour
communiquer à chacun la conviction qu’il ne savait rien. Mais l’assistance
était demeurée morne. La parole du maître avait été trop haute peut-être. Il
reprit, cherchant à s’expliquer d’une autre façon :

        
Je sais ce que vous attendez,
gens des Diallobé. Vous ne savez pas ce que vous devez faire. Vous avez pensé
alors : « Allons voir le maître de nos enfants, pour qu’il nous dise
ce que nous devons faire », n’est-ce pas ?

        
C’est exact, acquiesça le
premier des Diallobé.

Le maître poursuivit :

        
Vous attendez que ce que je
vous dirai indique ce que vous ferez, comme dix indique onze à celui qui compte
bien, n’est-ce pas ?

Il y eu un murmure
d’acquiescement.

        
Gens des Diallobé, je vous
jure que je ne sais rien de semblable. Autant que vous, je voudrais savoir.

Les hommes réunis se
regardèrent profondément troublés. Si le maître ne savait pas, qui
saurait ? Le pays cependant devait prendre une décision.

 

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30/01/2009

 

30/01/2009

 

La citation
du jour :

« Les Chinois nous offrent du
concret et l’Occident des valeurs intangibles. Mais ça sert à quoi la
transparence, la gouvernance, si les gens n’ont pas d’électricité, pas de
travail ? La démocratie, ça ne se mange pas. »

Serge
Mombouli, conseiller de la présidence, Brazzaville, cité par Serge Michel et
Michel Beuret dans leur livre La
Chinafrique, Pékin à la conquête du continent noir.

 

 

Yann est arrivé. Yann
Decharette, breton (et il est bien breton !!!), volontaire DCC à la maison
régionale des Frères des Ecoles Chrétiennes. Il est arrivé fin décembre et
franchement, ça fait trop du bien de pouvoir parler avec un toubabou !!!
Alors bienvenu Yann !!!

 

La seconde
citation du jour :

« Qui veut vivre, qui veut
demeurer soi-même, doit se compromettre. »

Cheikh Hamidou
Kane, L’aventure ambiguë

J’ai commencé
ce livre qui est vraiment trop bien. Je vous en mets deux extraits à la fin, à
lire absolument ! Le deuxième extrait est à méditer longuement…

 

Concernant le
temps, le froid est arrivé tard cette année et il est parti tôt…
traduction : nous avons eu un répit hivernal trop court à mon goût (ne pas
confondre avec l’hivernage qui signifie « saison des pluies »). On a
eu quelques jours de grand froid (à dormir avec deux pulls et une couverture)
puis la chaleur est arrivée en trois jours : on a pris plus de 10°C dans
la maison (hier soir il faisait 32°C !!!).

Ibra dit que
Dieu a un nouveau stagiaire qui s’amuse avec la climatisation du ciel !…

 

Côté boulot : j’ai
fini mes heures en fac. J’avais 10 étudiants de bac + 3, filière
« industrie agroalimentaire » : 5 nigériens, 3 burkinabè, 1
malienne et 1 tchadien (en tout 4 filles). Je dois avouer qu’ils n’étaient ni
bons en chimie ni intéressants au niveau discussion. Enfin, ils étaient très
sympas mais trop silencieux, trop sages. Il y a même un cours où j’ai failli
m’endormir, moi, le prof, tellement il ne se passait rien, malgré tous mes
efforts pour les secouer, les réveiller, leur faire sortir ce qu’ils
savaient ! J’en suis venue à leur passer des diaporamas de blagues pour
tenter d’éveiller un intérêt chez eux !!! J’en suis même arrivée à
regretter mes élèves de 4ème qui me faisaient si mal à la
tête !!! La seule séance intéressante a été lors de la visite de l’usine
Saphyto qui produit des pesticides et qui met tout en œuvre pour faire des
produits bio, pour recycler ses bidons vides et faire en sorte de n’empoisonner
ni les gens (employés et populations locales) ni l’environnement. Les étudiants
ont posé beaucoup de questions et ont été impressionnés par la volonté de
l’entreprise de faire vivre dignement ses salariés, de les protéger dans leur
travail, de mettre sur le marché des produits les moins nocifs possible, de
faire des campagnes de formation des agriculteurs, etc.

Une petite anecdote à ce
sujet. Henri Pélissou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, notre guide durant la
visite (un français je précise), nous explique que les africains sont comme
Saint Thomas : il ne croient que ce qu’ils voient. Depuis 10 ans Saphyto a
mis sur le marché un produit qui ne tue pas les chenilles sur le champ
(sic !) – car souvent ce genre de produit tue beaucoup d’autres insectes
dits « utiles », comme les abeilles par exemple – mais fait en sorte
qu’elles ne sachent plus manger : elles meurent donc de faim en 3 jours.
L’intérêt est que seules les chenilles visées sont atteintes (selon lui en tout
cas). Mais les agriculteurs ne peuvent croire à l’efficacité d’un produit qui
agit en 3 jours !!! S’ils ne voient pas la chenille mourir sous leurs yeux
ils n’achètent pas !

Ceci dit j’ai quand même
beaucoup appris de ce cours. Sur l’ammoniac, les phosphates, les engrais en
général. Sur les pesticides : la France est le premier – ex aequo avec la Hollande – utilisateur
de pesticides à l’hectare !!! D’ailleurs en discutant des allergies avec
Ibra à midi je me suis dit que peut-être c’est en partie lié : ici
personne n’est allergique à l’arachide ou au gluten ! Ou bien ?

En parlant de gluten… Le
blé contient du gluten, polymère naturel qui créé des ponts (disulfures pour
les chimistes) lors du pétrissage (ça sert donc à ça le pétrissage !!!) et
permet donc que le pain se tienne !!! Sans gluten pas de pain !
Ah ! C’est donc pour ça que mon pain au manioc et mil se tient si
mal !!!

J’ai appris aussi sur le
phosphore blanc (affectionné par Israël apparemment !), sur comment on
produit l’huile de coton et le sucre de canne. Les élèves avaient des demandes
sur le vin mais je n’ai pas pu les aider beaucoup… Peut-on faire du vin sans
sulfites alors que les levures elles-mêmes semblent en produire ? Peut-on
faire du vin bio ?

 

Enfin, ce qui était
doublement inintéressant lors de ces cours c’est que je n’ai croisé aucun prof.
J’ai conversé uniquement avec le directeur de département. L’administration
reproche aux profs de venir juste pour prendre leur argent mais ils ne font
rien pour nous motiver (oserais-je dire qu’ils semblent même tout faire pour
nous démotiver ? mais, est-ce fait sciemment ou bien n’ont-ils pas la
possibilité de faire autrement ?) : aucune documentation, aucune
réunion d’enseignants, aucun affichage digne de ce nom… On ne motive pas des
profs uniquement par de l’argent (même des africains !) : un prof est
motivé par l’entraide qu’il peut sentir entre collègues et avec
l’administration, par la structure qui l’entoure, par l’expérience des autres
qui le soutiennent… Mais être une aiguille dans une meute de foin est
définitivement non motivant, surtout quand on a des élèves aussi peu
motivés ! Finalement, on comprend pourquoi ils sont comme ça…

 

Bref !

A part ça
notre chambre d’amis est prête ! Avis aux amateurs/trices !!!

A bientôt
pour de nouvelles aventures !

 

– – – – – – – – – – – – –

Samba Diallo savait que la
Vieille Rella n’était plus ni chair, ni os, ni rien de matériel. Qu’était-elle
devenue ? Elle ne pouvait pas avoir cessé définitivement d’être. La
Vieille Rella… Elle avait laissé des traces. Quand on a laissé la grosse
Coumba, et qu’on a aimé la grosse Coumba comme l’avait aimée la Vieille Rella,
on ne peut pas avoir cessé d’être. […] Mais Samba Diallo avait vu pleurer la
grosse Coumba un soir pendant qu’elle revenait du cimetière. Pourquoi
pleurait-elle si tout était fini, définitivement ? Tout n’est pas fini…
Mais pourquoi la Vieille Rella n’est-elle jamais revenue alors ? Lui Samba
Diallo il sait qu’il aime tant son père et sa mère que si jamais il mourait
avant eux, et qu’il lui fût possible de revenir, ou de leur faire signe de
quelque façon que ce fût, il se manifesterait pour leur dire ce qu’il avait vu,
leur donner des nouvelles du Paradis. A moins que… Oui, peut-être, peut-être
oublie-t-on… Mais Samba Diallo se sentit au bord des larmes, rien que de penser
qu’il pût oublier complètement son père, ainsi que sa mère, et qu’il les aime tant.
« Vieille Rella, Vieille Rella, oublie-t-on ? » Il chassa cette
idée et songea au Paradis. Oui. C’était cela l’explication : le Paradis.
Quelle que soit la raison de leur silence, de leur absence, elle ne peut être
que bénéfique, que paradisiaque. Ils n’ont pas disparu dans un néant obscur,
ils ne sont ni haineux, ni oublieux. Ils sont simplement au Paradis.

Longtemps, l’enfant, près
de son amie morte, songea à l’éternel mystère de la mort et, pour son compte,
rebâtit le Paradis de mille manières. Lorsque vint le sommeil, il était tout à
fait rasséréné, car il avait trouvé : le Paradis était bâti avec les
Paroles qu’il récitait, des mêmes lumières brillantes, des mêmes ombres
mystérieuses et profondes, de la même féerie, de la même puissance.

 

[…] La place était déjà
noire de monde. Samba Diallo, en y arrivant, eu la surprise de voir que les
femmes étaient en aussi grand nombre que les hommes. C’était bien la première
fois qu’il voyait pareille chose. […] Soudain, un des côtés du carré formé par
l’assemblée s’ouvrit et la Grande Royale pénétra dans l’arène.

– Gens du Diallobé,
dit-elle au milieu d’un grand silence, je vous salue. J’ai fait une chose qui
ne nous plaît pas et qui n’est pas dans nos coutumes. J’ai demandé aux femmes
de venir aujourd’hui à cette rencontre. Nous autres Diallobé, nous détestons
cela, et à juste titre, car nous pensons que la femme doit rester au foyer.
Mais de plus en plus nous aurons à faire des choses que nous détestons et qui
ne sont pas dans nos coutumes. C’est pour vous exhorter à faire une de ces
choses que j’ai demandé de vous rencontrer aujourd’hui.

« Je viens vous dire
ceci : moi, Grande Royale, je n’aime pas l’école étrangère. Je la déteste.
Mon avis est qu’il faut y envoyer nos enfants cependant.

« Je dois vous dire ceci :
ni mon frère, votre chef, ni le maître des Diallobé n’ont encore pris parti.
Ils cherchent la vérité. Ils ont raison. Quant à moi, je suis comme ton bébé
Coumba. Regardez-le. Il apprend à marcher. Il ne sait pas où il va. Il sent
seulement qu’il faut qu’il lève un pied et le mette devant, puis qu’il lève
l’autre et le mette devant le premier.

« Hier, Ardo Diallobé,
vous me disiez : « La parole se suspend, mais la vie, elle, ne se
suspend pas. » C’est vrai. Voyez le bébé de Coumba.

« L’école où je pousse
nos enfants tuera en eux ce qu’aujourd’hui nous aimons et conservons avec soin.
Peut-être notre souvenir lui-même mourra-t-il en eux. Quand ils nous
reviendront de l’école, il en est qui ne nous reconnaîtront pas. Ce que je
propose c’est que nous acceptions de mourir en nos enfants et que les étrangers
qui nous ont défaits prennent en eux toute la place que nous aurons laissée
libre.

« Mais, gens des
Diallobé, souvenez-vous de nos champs quand approche la saison des pluies. Nous
aimons bien nos champs, mais que faisons-nous alors ? Nous y mettons le
fer et le feu, nous les tuons. De même, souvenez-vous : que faisons-nous
de nos réserves de graines quand il a plu ? Nous voudrions bien les manger
mais nous les enfouissons en terre.

« La tornade qui
annonce le grand hivernage de notre peuple est arrivée avec les étrangers, gens
des Diallobé. Mon avis à moi, Grande Royale, c’est que nos meilleures graines
et nos champs les plus chers, ce sont nos enfants. Quelqu’un veut-il
parler ?

Nul ne répondit.

– Alors, la paix soit avec
vous, gens des Diallobé.

 

Cheikh Hamidou Kane, L’aventure
ambiguë

 

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